Comment sont réalisées les gravures sur pierre ou les restaurations de monuments ?
Cette page, de nature informative, présente une liste non exhaustive d’outils et de techniques utilisés lors des créations de gravure et de restaurations de monuments.
En plus des techniques et outils spécifiques, le graveur sur pierre a dû recevoir une formation reconnue.
Enfin, la répétition des gestes, l’entrainement, le perfectionnement et enfin l’expérience acquise au fur et à mesure d’exercer son métier, permet au graveur sur pierre de devenir expert dans son métier.
Les outils utilisés
L’outillage doit être adapté et maitrisé par le graveur.
L’efficacité, la visibilité du travail, dépend de l’outil, car il conditionne l’aspect de taille.
Chaque outil a un nom particulier, lié au métier :
Les percuteurs, pour un charpentier, sont des marteaux alors qu’en gravure et taille de pierre se sont des massettes; les outils de coupe sont des ciseaux, et non des burins, qui eux sont utilisés pour le métal.
L’outil est différent selon la dureté de la pierre à traiter.
Les supports
Le papier: Lisse ou à grains, ils sont des supports pour la calligraphie, le dessin de lettres, le dessin d’ornement, les tracés, ou pour les travaux préparatoires.
Le calque: Il offre, par sa transparence, la possibilité de superposer plusieurs dessins ou esquisses pour des corrections. Il aide également à faire des transferts directs du dessin sur la pierre avec du papier carbone, pour des compositions élaborées.
La pierre : Le motif se fait en direct sur la pierre pour des gravures de composition ou de tracé simple.
Les crayons
Suivant la dureté de la mine, le crayon n’a pas la même utilité. La gamme va du 7h, très dur, au 7b, très gras, en passant par le HB, de dureté moyenne.
Les crayons secs ou moyens : ils servent aux tracés en direct sur des pierres calcaires ou marbres de couleur claire.
Les crayons très secs permettent un travail d’esquisse fin et précis, qui disparait sous un tracé plus soutenu avec un HB, laissant ainsi apparaitre que les traits définitifs.
Les crayons de couleur secs : ils servent aux tracés en direct sur des pierres calcaires, marbres ou lave de couleurs sombre ou d’aspect poreux ou irrégulier.
La vision du trait est plus affirmée.
Les crayons de couleur gras : ils sont utilisés sur des pierres en poli brillant. l’aspect vitrifié de surface ne permet pas l’&accroche d’un crayon sec.
Ils sont aussi très utiles pour faire des repères sur le règlet ou autre outil de dessin.
Les pointes à tracer
Elles servent à rayer la pierre afin d’affirmer un tracé définitif et à guider le ciseau pour amorcer les arêtes.
La pointe à tracer en acier : Elle s’utilise sur les pierres calcaires très tendres.
La pointe à tracer au tungstène : s’utilise aussi sur les pierres calcaires, marbres ou pierres de Volvic, plus fermes.
Le tungstène, beaucoup plus résistant que l’acier nécessite un affûtage moins fréquent.
La pointe diamantée : Elle sert à rayer uniquement les pierres granit en poli brillant.
Les percuteurs
Elles servent à frapper le ciseau.
Pour la gravure sur pierre, leurs poids varient de 600g à 800g. Au delà, elles sont utilisées pour degrossir ou tailler la pierre.
Le manche de la massette est coupé à la longueur de l’épaisseur de la main. En effet, pour la gravure, la massette se tient près du percuteur pour un geste de précision court et vif.
En taille de pierre, le geste est plus ample, et le ballant du percuteur est assuré par un manche plus long.
Il existe plusieurs types de massettes : droite, trapèze ou en tronc de cône.
Les ciseaux
Le ciseau est l’outil entrant en contact avec la pierre ( avec sa » dent » ou son » poinçon » ).
Les ciseaux sont frappés sur leur tête à l’aide du percuteur ( massettes notamment ).
Selon les travaux à effectuer, la nature du support et les détails à réaliser, différentes tailles de travaux sont nécessaires.
Les pinceaux
Le pinceau sert à peindre ou étaler les feuilles d’or dans les gravures réalisées.
Selon le rendu souhaité, différentes tailles de pinceau peuvent être utilisées.
En règle générale, les couleurs utilisées seront l’or ou le noir.
Les techniques utilisées
Méthode de tracé en direct sur la pierre
Les portées : Elles permettent au graveur de préparer son support de travail ( pierre, marbre…) et de façon propre. Les portées déterminent le corps de la lettre et les interlignes.
L’esquisse : C’est une étape indispensable qui doit précéder tout tracé définitif. C’est une ébauche légère de l’ensemble des caractères qui constituent les lignes, vivement, rapidement, sans appuyer, afin de se rendre compte, par de simple indications situant la lettre, de la physionomie générale de l’ensemble : chasse, corps, approches et respect de la justification. Ce n’est que lorsque cette esquisse est cohérente, équilibrée, et harmonieuse, que l’on peut commencer le tracé définitif
Le dessin de lettres à main levée : Grâce aux données de l’esquisse, on dessine les lettres dans la portée. D’abord en linéaire, puis on stabilise la graisse des pleins et des déliés, on rajoute les empattements. Faire une relecture du texte en contrôlant l’orthographe.
Les aplombs : Tracer tous les aplombs et droites des lettres au té ou à l’équerre.
La rayure des dorites : Rayer les droites à la pointe tungstène, sur les pierres calcaires, ou à la pointe diamant, sur les granits polis.
La gravure : La mise en forme terminée la gravure peut commencer
Tenir correctement ses outils
Si l’on est droitier, le gravelet se tient dans la main droite pour les droitiers (et inversement pour les gauchers).
L’autre main doit servir à tenir la massette, frappant le gravelet.
Deux méthodes existent dans la manière de tenir son gravelet :
La tenue » pleine main » :
Comme son nom l’indique la main et les doigts qui tiennent l’outil l’enserrent totalement.
La forme du corps du gravelet est octogonal. Cette forme empêche théoriquement l’outil de « tourner » dans la main durant le travail en assurant ainsi une plus grande précision dans la gravure.
La tenue avec l’auriculaire glissé sous l’outil :
Cette position améliore encore la bonne tenue du gravelet en le bloquant totalement. Elle a en outre l’avantage de dégager la vision du trait de coupe et permet de rapprocher la main du parement.
Cette position peut être douloureuse pour le petit doigt – pour les débutants – mais elle est conseillée pour un travail de précision.
Bien qu’optionnel, l’appui du pouce en tête d’outil peut encore améliorer le maintien du gravelet. Mais, attention au coup de massette…
Tous les types de gravure sur pierre
Trois types de gravure sont possibles :
La gravure en V, forme un creux régulier de 90 degrés
La gravure dite » en V « , est la gravure la plus traditionnelle.
Selon son exposition au jour, la gravure peut poser des problèmes de bonne visibilité. C’est pourquoi, la plupart du temps, elle est peinte ou traitée à la feuille d’or.
La technique de la gravure en creux
La gravure en » creux » consiste à évider la lettre en forme de U.
Elle a l’avantage de bien accrocher la lumière – mieux que la gravure en V – mais elle demande plus de temps et est plus complexe à réaliser sur les lettres de faible largeur. Durant la gravure, les risques d’épaufrures des bords supérieurs sont à surveiller et la propreté de l’angle du fond de la lettre est plus difficile à atteindre.
La gravure en relief
La gravure en relief consiste à évider le parement de la pierre en laissant le profil de la lettre en surépaisseur.
Elle demande le même soin que la gravure en creux et présente les mêmes difficultés, avec en plus un inconvénient à l’extérieur car l’érosion a plus d’effet sur une gravure en relief.